Route du Rhum 2018, Francis Joyon a gagné sur un bateau vieux de 12 ans et équipé de foils d’appoints. Et ce n’est pas pour me déplaire, pour l’homme et pour ce bateau historique (qui a connu des débuts difficiles).

Aucun des nouveaux « bateaux volants » n’a fini en état de marche. Les non passionnés par la voile sont pour beaucoup étonnés de voir autant de casse. Ils n’imaginent pas les forces en présence, la complexité de ces engins… Ils n’ont pas à l’esprit la RdR 2002 et ses 18 Orma au départ (les plus grands bateaux de l’époque), pour 3 à l’arrivée.
C’est malgré tout un triste spectacle. Bien avant le départ les journalistes et des coureurs avaient évoqué la complexité des supports, le manque de préparation de certains…. Mais la petite chanson d’avant le 04 novembre c’était tout de même « vous allez voir ce que vous allez voir ».

1 – Ultimes, un point sur les forces en présence
Tout dépend bien entendu de ce que l’on appelle Ultim ou Ultime ou collectif Ultim ! Je vais m’en tenir qu’aux bateaux récents, de plus de 24 m (si j’en oublie un, merci de corriger !).
Les non volants
- Sodebo « 2018 » : trop lourd et trop vieux pour être équipé pour voler.
- Idec sport : idem, quoi que, mais ce ne sera pas, semble t’il, avec Idec et Francis Joyon.
- Spindrift : idem et trop long pour la classe Ultime 32/23
Les « volants »
- Macif : analyse cause casse safran et perte du foil à réaliser. Fabrication de nouveaux foils, idem pour les safrans, renforcement flotteurs ? Je mets foils au pluriel, peut être que la résistance de ceux en place va être remise en question ?
- Banque Populaire : retourné après la casse de son flotteur bâbord, bateau en cours de récupération (dans quel état ?).
- Gitana 17 : flotteur avant tribord cassé et cela ne semble pas lié à un choc, analyse à réaliser, bateau à réparer…
- Futur Sodebo : en construction, il est encore temps de revoir certains points !
- Nouveaux canots : le patron d’Idec, ne dirait pas non si Francis Joyon est partant…
2 – Donc ?
L’essai Route du Rhum n’a pas fait de cadeau à cette nouvelle catégorie d’engins. Ces bateaux restent, pour moi, des trimarans à foils d’appoints équipés de grandes ailes. Les oiseaux ont peut-être sauté du nid un eu top tôt. La course Brest Océans a aile aussi du plomb dans l’aile.
Je parie que certaines équipes vont mettre en avant l’interdiction de régulation pour expliquer la casse. Avec une régulation électronique, les Ultimes auraient été mieux réglés, plus volants, abrités des vagues… S’ils ne le font pas, ce sera sûrement de peur qu’il leur soit reproché d’occulter les vrais problèmes.
Pas besoin d’être grand clerc pour savoir que les problèmes de ces bateaux étaient et sont toujours :
- la résistance/la fiabilité des foils, mais pas seulement des appendices (ce qu’a démontré cette RdR),
- la régulation des foils, plans porteurs dérivés de ceux utilisés pour l’America’s Cup et donc développés pour un plan d’eau protégé et un équipage de 11 équipiers en AC72 et 6 en AC45.
La voile fonctionne par cycles, il y a eu le gigantisme en monocoque (Club Med, Vendredi 13)…. les Formules 40, les Orma, les Mod 70…. j’en oublie. Beaucoup de supports naissent et se développent à vitesse grand V avant de disparaitre bien souvent encore plus vite pour des problèmes de coût ou de fragilité. On ne sait pas s’arrêter à temps, se remettre en question. Mais je ne souhaite pas être un oiseau de mauvais augure….
Après ce tableau bien négatif je pense que l’on ne va pas vers une remise en question du concept ! Trop de teams ont communiqués sur le fait que leurs bateaux volent. Les équipes vont donc analyser, consolider, réparer, faire réaliser de nouveaux appendices…. Par contre, je pense qu’il doit y avoir de la tension au sein des teams et des cabinets d’architecture et entre ces deux entités. J’aimerai être une petite souris…
A suivre, nous allons bientôt en apprendre un peu plus. Il y aura beaucoup d’intox mais les journalistes vont sûrement fouiller, ils ne vont pas passer à coté d’un sujet aussi passionnant. Souhaitons un avenir radieux à ces bateaux…